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Les graveurs du Salon

Avec l'automne, revient le fameux salon du Sud-Est. Dans le Palais de Bondy rénové, cette année, sont mis à l’honneur Pierre Combet-Descombes, – dont on finira par se lasser, tant on le voit partout, et souvent dans des oeuvres récentes et pas les plus novatrices –, et les sculpteurs Gabriel Goutard et Geneviève Böhmer. 

On sait que ce salon est LE salon de Lyon. Sa longue histoire, depuis sa création en 1925 par ces artistes Ziniars (1) qui ont tenté, après guerre, de faire entrer Lyon dans la modernité, fait que là brille ce que d’aucuns continuent d’appeler « l’école lyonnaise ». Que resplendit une certaine tradition de bon usage et de bon aloi. Il s’en faut de beaucoup pourtant qu’il rende compte de ce qui se fait aujourd’hui à Lyon. Il ne manque pas d’artistes travaillant dans la région en effet qui en sont écartés ou s’en écartent. Qui inventent d’autres pratiques que celles présentées ici. Pourquoi faut-il que ce salon d’artistes contemporains ne retienne pas l’attention de ceux dont on dit qu’ils font de l’Art Contemporain ? Le temps des exclusives doit, semble-t-il, passer.

On verra donc des artistes qui maîtrisent leur métier. Et on les verra ou reverra, souvent avec plaisir. Mais on parle tant ailleurs des peintres que nous n’en parlerons pas ici. Concentrons-nous donc sur les seuls graveurs : Jérémy Bajulaz expose quatre eaux-fortes avec aquatinte de taille respectable, représentant une réunion d’objets divers sur un plateau, ce qu’on pourrait classer dans les natures mortes, mais natures mortes renouvelées, puisque dans l’une ou l’autre, apparaît au second plan une partie d’un corps, la main d’un porteur, ou les seins d’une femme (« La danse de Vénus »); le dessin en est excellent, la lumière travaillée, l’ensemble réussi. L’impression gagnerait peut-être en intensité avec une plus grande économie de moyens et d’objets. 

On aime encore le travail de Gilbert Houbre, de grandes gravures au sucre de 50 par 70 cm, inspirées purement et simplement par le cognassier du jardin à travers les saisons. (au contraire des autres qui, sans être en couleurs,) Est admirable l’une d’entre elles, « Arbre hiver », en noir et blanc, dans laquelle un réseau heurté de branches gelées et comme cassantes, se détachent sur le blanc gris d’un ciel froid. C’est pur, simple, et terriblement émouvant. D’Isaure de Larminat se voient de très belles et amples estampes, vraiment très séduisantes par leur équilibre et leurs couleurs.

On retrouve avec satisfaction les burins impressionnants de Jean-Marc Reymond, toujours aussi fermes et profonds, si tourmentés aussi et presque durs, puis tout à côté les pages poétiques, légères et graves en même temps, de Philippe Tardy dont on a déjà dit ici toute l’estime qu’on lui porte ; viennent enfin les très élaborées représentations mythologiques – chose si rare aujourd’hui  : Calypso, Atlas, Pâris, c’est qui ça ? – et néanmoins contemporaines, de Vesselin Vassiliev, accompagnées de cette estampe au titre encore plus délicieux de « Panta Rhei » , titre mystérieux qui ne doit plus parler à grand monde. Ah ! si les graveurs se mettent à citer Héraclite !

Ne serait-ce que pour voir les oeuvres de ces gens-là, la visite au salon du Sud-Est s’impose aux amateurs.

PB

 

1 La fondation Renaud présente Les Ziniars du 5 novembre au 4 décembre au fort de Vaise, dans une exposition très abondante : outre Combet-Descombes, on voit Adrien Bas, mais aussi Claude Dalbanne, Venance Curnier, Jacques Laplace, Antonin Ponchon. 

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Commentaires: 1
  • #1

    Isaure de Larminat (mardi, 10 janvier 2017 15:02)

    Cette information peut vous intéresser: http://www.collegesuperieur.com/exposition-de-gravures-en-chemin-avec-charles-peguy.html
    L'exposition a lieu du 13 janvier au 17 février, 17 rue Mazagran 69007 Lyon, au Collège Supérieur.
    Bien cordialement.
    I de Larminat