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De nouveau, le Salon...

C’était samedi 6 novembre le vernissage du salon de Lyon et du Sud-Est, un salon bientôt centenaire (fondé en 1925 par un groupe de jeunes peintres qui se voulaient indépendants).  Un bon salon, un beau salon.

Pour diverses raisons dont la plus notable, me semble-t-il, est la diminution du nombres des participants. 

Ils étaient cinquante-trois participants en 2019, et ne sont plus que quarante. A quoi ou à qui doit-on cette sélection plus rigoureuse ? On ne sait, mais en tout cas, le résultat est plutôt satisfaisant. Car les oeuvres, sur les cimaises, trouvent un peu plus d’air et d’espace;  le visiteur est lui aussi gagnant, avec la possibilité accrue d’apprécier de plus loin telle ou telle oeuvre. Les deux grandes salles du palais de Bondy, encore dans la fraîcheur de leur rénovation, permettent une déambulation heureuse.

 

Mais cela tient aussi à la présentation d’oeuvres de Serge Plagnol, artiste venu du sud, que les organisateurs ont voulu accueillir en hôte d’honneur, en même temps que le discret mais toujours actif du lyonnais Jacques Peizerat qu’on ne présente plus. L’espace central qui leur est largement réservé donne une juste idée de leur travail. Faut-il dire enfin que les autres artistes maîtrisent leur art, proposent des oeuvres de qualité, nourries par le travail de toute une existence ? Et que vit peut-être encore, planant au-dessus, là-haut, près des verrières, l’esprit de l’école lyonnaise, le regard paternel et bienveillant, penché sur les derniers rejetons de la famille…

 

Je disais à l’occasion du salon de 2018 mon «  impression d’un certain ronron, qui procure celle, fâcheuse, d’avoir remonté le temps ». Le problème, et c’en est un, est, pour dire les choses crûment, celui de l’âge moyen des participants : 70 ans ou presque… Deux artistes seulement, nés après 1970, ont moins de cinquante ans… Certains ironiseront : comment ? Il n’y a pas d’artistes de mérite, trentenaires, ou quadragénaires, travaillant dans la région, qui veuillent présenter leurs oeuvres au public ? 

 

En cette époque de radicalités généralisées, une opinion nuancée ne peut pas faire de mal. 

Ce salon vieillissant est désespérant en effet parce que ce sont toujours les mêmes peintres et les mêmes peintures qu’on voit : on sait en art l’importance de la nouveauté.  La relève ne se manifeste pas, et dans ce cas que devient le salon dans dix ans ?  Et la conception de l’art montré là n'illustre qu’un aspect de l’art contemporain. 

Cependant c’est heureux aussi parce qu’on voit de la bonne peinture, solide, maîtrisée, une peinture qui ose encore le beau. L’âge, bien souvent, contrairement à ce qu’on peut penser, fait la valeur, et ces aînés doivent bien pouvoir encore être vus en dépit du jeunisme régnant.  Et surtout parce que, en art comme en tout, idées comme comportements, la réalité n’est pas unique mais diverse, une même époque réunissant dans son présent autant de marques du passé que de signes du futur.

Comme le soleil de ce matin de novembre incite au sourire et à la plaisanterie, une suggestion pour finir, qui serait une révolution : et si au lieu de dire « Salon de Lyon et du Sud Est », on disait « Lyon Sud Est Art Fair » ? C’est pas beau, ça ? C’est déjà tout un programme, non ?  Tout d’un coup, cela vous donne un air de modernité - on n’est pas obligé de montrer des vidéos interminables d’une image fixe, des accumulations hétéroclites d’objets, etc. -, et de branchitude propre à attirer de nouveaux amateurs, à séduire de nouveaux collectionneurs.  Voilà qui redonnerait du lustre !

 

Le temps présent n’aime pas le mot « salon », un concept dépassé, qui fleure son XIXème siècle, et le conformisme sage des artistes rassis. Mais il n’aime pas non plus le mot « foire ». Imaginez un peu !  Une foire, avec ses moutons et ses vaches, les tracteurs et les moteurs, la moulinette à la vinaigrette et tout le bazar, et en prime le vacarme et la foule. Non, non, le monde de l’art mérite bien mieux, bien trop noble pour être confondu avec celui du commerce… « Fair », ça fait plus rare, plus noble, plus élitiste aussi. Même si au fond c’est la même chose. 

  

Salon de Lyon et du Sud Est,

Du 5 novembre au 21 novembre 2021 - Palais de Bondy 69005 Lyon

 

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