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Ode à la gravure

Trois  graveuses  présentent actuellement leur travail à la galerie l’Oeil écoute. On connaît déjà le travail des deux premières Isaure de Larminat et Isabelle de Becdlièvre. Membres de l’Empreinte (on peut voir le groupe actuellement à Tournon), elles exposent depuis longtemps dans la région, notamment au salon du Sud-Est. On découvre celui de la troisième, Khedija Ennfier-Courtois, qui vit et travaille en Normandie.

Isaure de Larminat, "Traces".
Isaure de Larminat, "Traces".

Disons pour commencer qu’on aime bien l’idée qui consiste pour la galerie à ne pas se limiter à des artistes locaux, et pour les artistes à confronter leur travail avec une artiste venue d’ailleurs. Prise de risque sans doute bienvenue, et largement profitable à tous, spectateurs compris.  Trois graveuses contemporaines, aux univers et aux estampes clairement différentes, unies seulement par l’abstraction, si ce mot veut encore dire quelque chose.

 

Isaure de Larminat présente des collagraphies (technique d’impression avec superposition de matériaux) et quelques bois. Ce qu’on croit pouvoir lire dans les oeuvres rassemblées ici, qu’il s’agisse des pièces en couleurs ou en noir et blanc, c’est la recherche d’une harmonie heureuse, le partage d’une plénitude venue d’un lieu secret et sûr dont le papier seul aurait gardé les signes. Traces d’arbres, de fleurs peut-être, de lieux, ou de moments, mais rien de définitif, et c’est heureux.

 

 

D’Isabelle de Becdelièvre, il nous semble que depuis quelque temps sa gravure se renouvelle, s’approfondit, se risque même vers de nouveaux territoires. Ses estampes, loin de toute figuration, se cherchent dans la répétition de formes, lourdes et légères, pierres ou plumes, flottant ou reposant dans le vide du papier, aux teintes douces et changeantes ou au noir pur. Des espaces vierges du papier elles émergent, en mouvement, comme dansantes, elles qui sont au départ des plaques multiformes, des découpes énigmatiques, à la fois rondeurs matricielles et aspérités pénétrantes. Il faut saluer la maîtrise d’une évolution bienvenue. 

 

Khedija Ennifer-Courtois, "Voies célestes", 2017.
Khedija Ennifer-Courtois, "Voies célestes", 2017.

Khedija Ennifer-Courtois construit des traces, des griffures, donne à lire des pistes où le noir des sillons fait surface dans les tonalités bleutées ou grises d’une encre de fond. Peut-on parler de paysages abstraits ? On ne sait. Toujours est-il qu’à l’oeil est proposée une errance immédiatement séduisante. Ces choses que l’on voit, îles ou ciels ou terres, comme à peine sorties des brumes de la conscience, sont des univers à rêver, à reconstruire, des appels à se souvenir. Travail éminemment poétique devant lequel on reste en arrêt. La gravure, finalement, c’est cela, l’art du trait dans ce qu’il a de plus mystérieux.

 

 

A la galerie L’oeil écoute, « Ode à la gravure », avec Isaure de Larminat, Isabelle de Becdelièvre, et Khedija Ennifer-Courtois

du 9 avril au 28 mai, vendredi, samedi de 14h à 19h et dimanche de 11h à 17h.

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Commentaires: 2
  • #1

    Isaure de Larminat (jeudi, 21 avril 2022 09:21)

    Merci Philippe pour ce très sympathique papier!

  • #2

    De Becdelièvre Isabelle (samedi, 23 avril 2022 22:01)

    Petit aperçu de l'expo qui est le bienvenu.