Jeanne Bardey, 1872-1954

Jeanne Bratte, née dans une famille de la bourgeoisie aisée de Lyon, n'est pas, malgré des dispositions précoces, destinée à l'origine aux Beaux-Arts. Mais son mari, Louis Bardey (1851-1915), épousé en 1893, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts  de Lyon, l'initie toutefois au dessin et à la peinture, et en 1905, puis 1906, elle expose aux salons de la Société lyonnaise des Beaux-Arts de Lyon.

 

En 1907, après un succès obtenu au Salon grâce à un envoi que le musée des Beaux-Arts achète, elle gagne la capitale pour parfaire sa formation : elle devient l'élève de Guiguet, copie au Louvre, travaille dans les académies, et cherchant à saisir l'énigme des visages, réalise une série de dessins d'aliénés en se rendant à la Salpêtrière et à Villejuif, dessins qu'elle montre à un Rodin, rencontré par hasard et intéressé.

 

En 1909 elle devient son élève pour la sculpture, et bientôt sa maîtresse. Elle pratique alors le dessin, la peinture, la gravure, la fresque et la sculpture. Dans les années qui suivent, d'intense activité, elle présente des dessins et des gravures dans les différents salons,  Salon des indépendants dès 1908, Salon d'automne de Lyon en 1910, Salon des Artistes décorateurs de Paris en 1911 et 1912, tout en voyageant à Bruxelles, Anvers, Londres.

 

A la mort de son mari, en 1915, elle s'installe à Paris, avec sa fille Henriette qui devient le dernier modèle de Rodin. Ce dernier lui confie la tâche de préparer le futur musée Rodin et fait d'elle sa légatrice universelle, fonction dont elle est finalement écartée, dans ce que H. Tuilier appelle "la bataille du musée Rodin"  à la mort du sculpteur en 1917.

 

De retour à Lyon, elle continue à graver, à sculpter,  présentant jusqu'en 1938 des oeuvres au salon d'Automne, ou au Salon de Printemps, ou à Paris au Salon des Femmes Artistes Modernes (1938).  On voit  d'elle une première exposition célébrée par la critique à la galerie Saint-Pierre en 1921, et en octobre chez Bernheim jeune, à Paris ;  d'autres  suivront, par exemple, à la galerie Druet en 1928, à la galerie Troncy à Lyon en 1940…  Elle obtient  le prix Chenavard en 1929 pour un Torse de femme, aujourd'hui au Musée des Beaux-Arts de Lyon. 

Elle continue de voyager : en 1931 en Grèce avec sa fille, puis dans les pays baltes jusqu'à Leningrad, puis en Egypte avec E. Herriot  (1938-1939), où elle retourne régulièrement ensuite, les mois d'hiver, pour collaborer avec l'égyptologue Alexandre Varille.

 

Après sa mort en 1954, une rétrospective organisée par sa fille Henriette à la Chapelle du lycée Ampère est bien accueillie par la presse. Quelques années plus tard, en 1960, à la mort d'Henriette Bardey, la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon reçoit la donation de l'ensemble de l'atelier de Jeanne Bardey, et dépose tout ce qu'il contient au Musée des arts décoratifs de Lyon où les oeuvres dorment encore (600 sculptures, 2000 dessins et gravures…).

 

En 1991, une exposition à la Maison de pays de Mornant, où Jeanne Bardey avait une maison, signe la redécouverte partielle de la sculptrice, qui est aussi présentée à la Maison Ravier en 2001. On attend encore une grande exposition rétrospective à Lyon. 

Une vente aux enchères a eu lieu en 2013 de 11 sculptures restées dans la maison familiale.

 

 

 

Son oeuvre gravé comporte selon Jean Adhémar (IFF après 1800, tome 3) plus de 300 pièces, beaucoup en pointe-sèche. Elle a publié en 1923, chez Helleu et Sergent,  un Hommage à Rodin, qui contenait 15 pointes sèches d'après le maître. Elle a gravé surtout des portraits, et des paysages résultant de ses voyages.

 

 

Bibliog : Hubert  Thiolier, Jeanne Bardey et Rodin, sans nom d'éditeur, 1990.

I. Duperray-Lajus, Les oeuvres de Jeanne Bardey au musée des Arts décoratifs de Lyon,  mémoire de maîtrise d'histoire, 1987.

Roger Marx, "Peintres-graveurs contemporains, Jeanne Bardey", Gazette des Beaux-Arts,  juin 1913, p. 204.

Camille Mauclair, "Jeanne Bardey", L'art et les artistes, tome XVII, av.-sept. 1913, p.129.

Inventaire du fonds français, tome 3.

On pourra se reporter sur les pages écrites par M. A. Vessot, parent de J. Bardey, en libre accès à cet endroit.