Jim Leon, 1938-2002.

Jim Leon, né en 1939 dans un quartier populaire à Wolverhampton (Angleterre), voit sa petite enfance marquée par les bombardements allemands de la Seconde Guerre mondiale. Il entre au collège des Beaux-Arts de Birmingham d'où il est exclu, dit-on, pour indiscipline en 1957. Épousant en 1959 une lyonnaise, il s'installe dans la capitale des Gaules dès 1960, devenant un membre actif de la vie artistique de la ville. Il exerce d’abord son activité dans un atelier de soierie pour lequel il réalise des dessins. Il s’inscrit dans la bohème lyonnaise, fréquentant les bars et lieux dans lesquels se retrouvent les artistes, peintres ou comédiens. Il rencontre alors ceux qui deviendront ses compagnons de route, les peintres Sony Meyer, Ughetto, Massina, Moskovtchenko, le comédien metteur en scène Marcel Maréchal, le photographe Rajak Ohanian… 

Durant une décennie, il travaille aussi pour le théâtre, signant les costumes et les décors pour le Théâtre du 8ème à Lyon de Marcel Maréchal  ( par exemple La Tragédie du Roi Christophe d'Aimé Césaire,  Dom Juan de Molière, La Mort de Danton de Bruckner et  La Moscheta de Ruzzante) et plus tard pour Roger Planchon.

En 1970, c’est le cinéaste Jacques Demy qui fait appel à lui pour l’affiche de Peau d’âne

A Lyon,  il passe pour un original, un marginal, amateur de femmes et de fêtes.  Il est initié dans ces années-là à la gravure par son ami Moskovtchenko.

Il rentre un temps en Grande-Bretagne, y réalise de nombreuses illustrations pour les magazines underground, dont Oz qui publie plusieurs de ses dessins de la série sulfureuse Psychopathia Sexualis. A Birmingham, il réalise des affiches et posters pour l'organisateur de concerts Headquarters et collabore au magazine de musique rock Brumbeat.

On le voit participer à une conférence spectacle en hommage à un peintre capital pour lui : William Blake.

En 1974, il se rend aux Etats Unis, à San Francisco d’abord, puis à Philadelphie, sur la côte est, où durant une année il enseigne à la Pennsylvania Academy of Fine Arts. 

 

Mais en 1975 il revient s’installer à Lyon, où il retrouve son atelier et ses activités au service du théâtre, avec Bruno Carlucci et Marcel Maréchal même lorsque celui-ci quitte Lyon pour le Théâtre de la Criée à Marseille.  

Etre complexe et tourmenté, Jim Leon exerce malgré ses difficultés  son métier d'artiste, présentant régulièrement ses oeuvres au public lors de fréquentes expositions, dont les critiques de l'époque rendent compte.

Atteint d'un cancer de la mâchoire, il subit une première opération. Hospitalisé ensuite à plusieurs reprises, il décède au début de l'année 2002.

 

Son travail  est riche et divers. Il a reconnu sa dette à l’égard de William Blake et de ses visions mystiques. On a parlé aussi des influences des préraphaélites anglais, mais aussi des artistes pop et du surréalisme. et aussi dans les années soixante, celles de Cobra, et de Bacon. Mais Jim Leon ne se laisse pas réduire à ces modèles possibles.  

Le geste pictural est expressif, la couleur crue, presque baroque ou psychédélique. La figure féminine, érotisée, livrée au regard du spectateur de manière impudique et crue, au point de susciter des controverses violentes, constitue un motif de prédilection. La série de dessins, intitulée Psychopathia sexualis, explore de manière radicale fantasmes et délires, mêlant viscères, sexe, vie et mort. 

 

Dans une deuxième partie de sa carrière, une expérience mystique, comme il le dit, vécue en 1973 grâce à  la drogue, le conduit à modifier sa représentation et ses peintures. Il peint des paysages fantastiques, issus d’une imagination visionnaire, où l’eau, violente, dangereuse, traîtresse, occupe une place primordiale, avec des amoncellements de rochers, des surgissements de montagnes. Le motif du tourbillon, le lieu de la perte, revient plusieurs fois.

 

Ses estampes, lithographies et eaux fortes, s’inspirent voire reprennent les sujets de ses toiles. Toujours titrées, elle mêlent érotisme, paysages tourmentés, visions fantastiques.

Nous avons rencontré presque une vingtaines d’estampes, toutes venues dans les années 70. Le catalogue de son oeuvre reste à faire. Il compterait approximativement vingt-cinq gravures et une dizaine de lithographies, et des planches offset.

 

Sources

Jim Léon, Maison Ravier, 2005.

Denis Vaginay, Maudits lyonnais, Ed. Fage, 2019

Site internet : Jim-Leon.net

 

 

 

 

Estampes datées :

Peau d’âne, 1970 ou 1971,  eau forte,  27 x 36  (Et affiche 120x160)

Genesis VI-2, 1971, eau forte, 29 x 39

Sans titre, 1971, eau forte

Le tourbillon, eau forte, 1971, 37,5 x 55,5

L'homme volant, 1975, litho 85 ex, 75 x 50

Le pont, 1979, eau forte, 79x62

Sphynge près de la rivière, eau forte, 1979, 58 x 45

Ruines baroques, 1979,  litho couleurs 46 x 36

Paysage aux ruines, 1980, eau forte,  57 x 76

L’eau, 1989, litho, éditions  Urdla, 90 x 63, 28 ex.  (3 versions différentes au moins avec des différences de teintes, une fond rouge, une fond bleu, une en NB, toutes à 28 exemplaires).

 

Estampes non datées :  

Paysage au palais, eau forte,  64 x 55

La naufragée d’Ys, litho en couleurs, 48 x 66, 850 exemplaires

La destruction de Sodome et Gomorrhe, litho (ou offset ?), 33 x 42,5

Ganesh chevauchant sa trompe, eau forte, 19 x 15

Le grand plongeon, litho 47 x 49