Maurice Savin, 1894-1973

Né dans la Drôme des Collines, fils d'un médecin  de Valence, il se destine à la peinture. Conseillé par Pierre-André Farcy (1882-1950), alors critique d’art et dessinateur au Petit Dauphinois, (et conservateur après la guerre du Musée de Grenoble où il fut un novateur) il s’oriente vers les cours de l'Ecole des Arts décoratifs en 1913. Mais la guerre interrompt ses études. Incorporé en septembre 1914, blessé en 1914 et décoré de la Croix de guerre, il ne rejoint pas l’Ecole à sa démobilisation en 1919, mais, sous le nom de Jimmy Savin, devient caricaturiste dans divers journaux : Sourire, La Baïonnette, Le Rire. Il est jusqu’en 1923 à la fois membre du Salon des Humoristes et du Salon des Caricaturistes. 

 

Mais il n’a pas abandonné la peinture. S’il subit les influences de son époque, suivant les leçons des impressionnistes, puis de ceux qui retrouvent les joies de la construction, les cubistes, il revient assez vite à un art figuratif et à la couleur, toujours très soucieux de l’équilibre et de la composition de son travail.

Une première exposition, galerie Vildrac, lance le jeune peintre à qui la presse reconnaît sincérité et habileté :  « Il sait excellemment grouper ce que l’argot pictural nomme les masses» écrit Raynal dans l’Intransigeant (5.12.21). L’artiste a pu bénéficier de l’intérêt d’André Salmon, qui préface l’exposition, comme il le fera plus tard en 1927 et 1929, pour des expositions à la galerie Berthe Weill, cette découvreuse de talents qui « joua un rôle essentiel de vecteur dans l’accession au marché de l’art pour des artistes qui étaient alors complètement inconnus bien qu’ils soient désormais les plus célèbres de la période moderne » comme l’écrit sa biographe Marianne Le Morvan.  On le voit aussi sur les cimaises des galeries Druet, et après guerre, Drouant-David, ou Vendôme.

 

Son succès lui permet de vivre de son art, notamment par les commandes publiques ; en 1936, il réalise la décoration murale de la mairie de Montélimar; pour le Mobilier National, il produit des tapisseries, pour la Monnaie de Paris des médailles (1949). Ses œuvres sont achetées par Le Petit Palais, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et d’autres musées de français et étrangers. Il pratique aussi la céramique, la tapisserie, le vitrail, la décoration murale de bâtiments publics ou privés, et la gravure. Il fait ainsi partie des artistes qui ont eu droit à la publication d’un album dans la collection « Les Maîtres de l’estampe contemporaine » (Editions Rombaldi, 1949).

Il participe au salon d’Automne, puis au salon des Indépendants. Après guerre, il fait partie du salon des peintres de leur temps (Grand Prix en 1965), où il montre des oeuvres jusqu’à sa disparition.

Pour en mesurer l’importance, relative malgré tout, on notera qu’il a droit à une rétrospective au musée de Valence en 1955, au Palais de la Méditerranée en 65, et en février et mars 1979 à une exposition hommage au Musée d’art moderne de la ville de Paris.

 

Il est difficile de donner une idée très précise du travail de cet artiste, faute d’une vision d’ensemble de son oeuvre. Il a produit des nus, des scènes de genre, des natures mortes. Les oeuvres de sa première jeunesse, entre cubisme et retour à l’ordre, s’inscrivent dans la manière la jeune peinture française de l’époque. On connaît aujourd’hui surtout les toiles représentant des scènes paysannes colorées, représentant des personnages bien en chair au travail ou au repos, empreintes d’une saine et heureuse vigueur.

 

 

L’oeuvre gravé

L’oeuvre gravé que Maurice Savin a légué, en 1972, au musée de Romans, comprendrait plus de deux cents estampes, bois gravés, eaux-fortes et lithographies, selon le catalogue sommaire et très peu illustré de l’exposition qui lui a été consacrée en 1973.

On rencontre encore un Album de dix estampes originales, préfacé par Pierre Mac Orlan, pour la série « Les Maîtres de l’Estampe française contemporaine. » (éd. Rombaldi, 1949)  ( Voir illustrations ci-dessous).

Les estampes ont été publiées par la Guilde de la Gravure (1952), et par différents éditeurs. 

 Nous donnons ci-dessous quelques exemples de l'art de Maurice Savin. 

On peut envoyer sur demande une liste  illustrée de 82 estampes.

 

 

 

On trouve aussi des illustrations  dans les ouvrages suivants :  

Sept vieilles Chansons, neuf bois gravés, éd. Girard et Bunino, 1926, 212 ex.

Au temps de Paris, de Léon-Paul Fargue, quatorze lthographies dont une de Savin, éd. Pierre de Tartas, 1964.

Vive le vin ! éd. Lacourière, 1930-32,  dix eaux-fortes. 

André Spire, Refuges, neuf bois gravés, aux Éditions de la Belle Page, à Paris, 1927.   (735 ex)

Olivier de Serres, Escrit sur le vin, la vigne & autres gentillesses procédantes de raisin, vingt-six lithographies originales de Maurice Savin.P., A l'Enseigne de Colbert, 1947, 275 ex. (Bandeaux 13 x 9 cm, hors-texte 17 x 12 cm ; parmi les titres Paysanne, Vignerons, Vendangeurs, Le planteur, Vendanges, Paysans, Vendangeuse, Le foulage, Paysannes, Le bon vin, Le paysan, Les bonhommes, Le greffeur, Vendangeur, Les pioches, Le panier, Le buveur, Les soldats, Les cuves, Le greffage, Le soutirage, Le pressoir, La vigne, La hotte, L’attache, conservés au Musée de Romans.).

Guy de Maupassant,  Contes de la campagne, eaux-fortes de M. Savin, Éditions Rombaldi, 1000ex, 1947. (Frontispice, bandeaux et 4 magnifiques eaux-fortes originales, de Maurice Savin, coloriées à la main, par Edmond Vairel) 1000 ex (dont 40 tirages de tête).

 

On connaît enfin un projet non abouti : Illustrations pour un missel, bois gravés, 20 x 8 (épreuves d’essai) (éd. Mame, 1945), conservé au musée de Romans.

 

Bibliographie

Mac Orlan, préface de l’Album de 10 estampes originales, 1949.

André Salmon, préfaces des expositions de 1927 et 1929, galerie Berthe Weill. (BNF)

Armand Lanoux, Savin ou l’âge d’or, Pierre Cailler, Genève, 1968. 187 reproductions en noir et 24 en couleurs. 

Marcel Sauvage, Maurice Savin et la renaissance contemporaine, éd. Pierre Cailler, Genève, 1958.

Jacques Cabut, Savin peintre drômois, Mairie de Montélimar, 1994.

Maurice Savin, 145 oeuvres, catalogue d’exposition, Palais de la Méditerranée, Nice, 1970.

Maurice Savin, graveur et lithographe, catalogue d’exposition, Musée de Romans, 1973.

Maurice Savin,  catalogue d'exposition, Chateauneuf-de-Galaure, 2007.

 

Un catalogue de l’oeuvre, dont nous n’avons pas trouvé trace éditoriale, a été produit par M. Xavier Dieuzaide, recensant 2400 oeuvres.