Joseph Soumy, 1831-1863

Joseph Soumy est né en 1831 au Puy en Velay, mais ses attaches se trouvent dans la région lyonnaise. Son père, colporteur de livres, l'a d'abord placé au Puy au service d'un graveur sur métaux.

A quinze ans, il entre à l'Ecole des Beaux Arts de Lyon, et suit l'enseignement de gravure de Vibert. En 1851, il obtient la plus haute récompense, le laurier d'or.  En 1852, il gagne l'Ecole des Beaux-Arts de Paris pour se perfectionner dans l'art de la gravure ; ses talents sont récompensés puisqu'il obtient en 1854 le Prix de Rome au concours de gravure.

Il séjourne donc à la villa Médicis de 1855 à 1859. Il y rencontre Chifflart, autre prix de Rome mais en peinture,  et Carpeaux, de quatre ans son aîné, qui devient son ami, et avec qui il se passionne pour Michel-Ange. L'affection entre les deux artistes est confirmée par l'existence d'un Portrait de Carpeaux par Soucy (conservé au musée Bonnat de Bayonne) et par le fait que Carpeaux aurait gravé une des ses 11 estampes dans l'atelier de Soumy en 1860. 

A Rome, selon Bénézit, il peint des portraits, des paysages, des scènes de genre. Il exécute plusieurs copies d'après Raphael et Michel-Ange, ce qui lui vaut un certain succès.

De retour à Paris en 1857, il se marie, et après un mois seulement se trouve veuf. Il fait partie dès le début de la Société des aquafortistes (1862), probablement entraîné par Chifflart, beau-frère de  l'éditeur Cadart, où il retrouve un autre lyonnais Vollon. Au salon parisien de 1861, un dessin d'après Michel-Ange, La création de l'homme, aujourd'hui au Musée des Beaux-Arts de Lyon, lui vaut une mention élogieuse dans le compte-rendu du salon de la Gazette des Beaux-Arts de 1861.

Remarié cette même année, il s'installe dans le sud de la France, mais en 1863, neurasthénique et affecté d'une grave maladie oculaire, il se jette par la fenêtre de la maison de repos de Saint-Genis, près de Lyon, où il était soigné.

 

Comme peintre ou comme graveur, Soumy laisse peu d'oeuvres importantes. Disparu à 32 ans, il n'a pu évidemment donner la pleine mesure de son talent.

En son temps, il est reconnu comme graveur au burin, remarqué pour ses copies de maîtres (Titien, Michel-Ange, Giorgione, Raphael), célébré aussi par ses contemporains Chifflart, Flandrin ou Carpeaux,  à une époque où la gravure est comme le note Philippe Burty « n art d'imitation et non de premier jet  », où l'eau-forte cherche encore son renouveau. Les gravures que connaît Burty sont les gravures de reproduction d'après les maîtres. Mais dans l'article qu'il écrit en 1865 pour rendre hommage à Soucy, il écrit : « Soumy aurait eu sur l'école moderne de gravure une influence assurée... Il sera juste de placer Soumy au premier rang de ceux qui ont exprimé de leur mieux leur foi naïve et profonde dans une étude directe de la nature et des oeuvres des maîtres, et ont ainsi préparé le retour à des oeuvres originales et sincères »  .

  

 

 L'oeuvre gravé de Soumy est aujourd'hui largement méconnu. On doit un commencement de catalogue à Burty, qui consacre dans son livre Maîtres et petits maîtres de 1877, une quinzaine de pages à Soumy :  il note son grand mérite, tout en donnant de lui l'image de l'artiste vaincu par une fatalité contraire.  Mais le temps l'a plongé dans l'oubli.

 

Nous constituons ci-dessous une esquisse de catalogue, avec l'ajout des planches que nous avons rencontrées et d'autres dont la documentation fait mention.

 

 Burins et eaux-fortes :

- Les roches à Viviers, 1848, 123 x 72.

- Le paysage au pont, 66 x 103.

- Portrait de P de Lassalle,1849 (prix de la Société des amis des arts de Lyon), édition Fugère.

- Académie d'homme, 1854 (pour le concours du Prix de Rome, section gravure).

- Portrait d’homme, d’après Giorgione, vers 1855.

La morte, d'après Chifflart, 162  x 263, publiée par Cadart d'abord, et parue dans l'Artiste, composition dans laquelle un jeune homme à genoux sanglote devant une jeune fille drapée dans un linceul (vers 1860)

- Portrait de César Borgia, d'après Raphael (exposé en 1861 au salon de L'Ecole des Beaux-Arts de Paris).

- Hamlet et Ophélie, d’après Chifflart, éditée par Cadart, 1862.

- Othello et Desdémone, d’après Chifflart, éditée par Cadart, 1862.

- Portrait de François 1er, d’après Titien (Louvre), édité par Cadart 1865. Le cuivre appartient à l'Institut. 200 exemplaires auraient été tirés après le décès de Soumy au profit de la famille. (INHA, carton 35, page 525)

- Jésus portant sa croix, 540 x 320, d’après Le Sueur (Louvre) deux états : 1/ avec le nom de Soumy, de Lesueur, et mention de l’éditeur Gache et de l’imprimeur Drouart. 2/ avec sous le TC « Société générale des Veilleuses charitables de Lyon », et « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, vous l’avez fait à moi-même ». (On trouve dans un document mention d'une planche "faite à 17 ans de Simon aidant Jésus à porter la croix d'après Lesueur"). Cette estampe pourrait être celle intitulée Sainte Véronique, d'après Le Sueur, éditée chez Duruq, dont parle une lettre du dossier de l'INHA

- Mendiant romain, 152 x 223, in Eaux-fortes modernes (Société des aquafortistes), 1ère année, 1867,  (reprise dans l'Eau-forte depuis 10 ans)

Le hameau, in L'Illustration nouvelle, 5ème année, 1873, n° 215, 1873.

- Les forges d'Allevard en Dauphiné, in l'Illustration nouvelle, même feuille que la précédente,1873.

- La vie de la vierge, suite de six petites planches ; sous le TC « Chez Daniel, Au saint cœur de Marie », « vignettes de 90mm de haut, cintrées, destinées aux livres de piété » (Burty).

- Une gravure d'après Bonington (Note de A. Cadart, INHA)

- La mort de Saint Joseph.

- La Cène.

- Le christ au jardin des Oliviers.

- Le Christ en croix.

- Saint Jean dans l’ile de Pathmos, d’après Flandrin.

- Entrée du Christ à Jérusalem, d’après Flandrin (reproduction des fresques du choeur de Saint Germain des Prés) presque terminée par Soumy, mais achevée et signée par Poncet.

La Carolina.

 

Lithographies 

Sous le titre : « Motifs d’études » : une suite de douze types d’enfants, de femmes et d’hommes 

1 Pifferaro

2 Tête d’Iltalienne  (de profil). 

3 Moine à barbe noire (une calotte sur la tête). 

4 Moine vu de face (le capuchon abaissé sur le visage). 

5 Buste de ligueur

6 Tête de jeune fille italienne, « une étude excellente et tranchante dans cette suite qui est souvent d’un dessin mou et ennuyé », selon Burty. 

7 Un homme blessé au front

8 Tête d’ homme âgé, etc.

9 Le Fuseau, éditée par Cadart.

10 Le Rouet, éditée par Cadart 

 

Bibliog. : P. Auquier et J.B. Astier,  La vie et l'oeuvre de Joseph Soumy, graveur et peintre, lib. Ruat, Marseille, 1910.

Bailly Herzberg, L'eau-forte de peintre au XIXème siècle, 1972.

Burty, "J.P.M. Soumy", Gazette des Beaux-Arts, 1865, texte repris dans Maîtres et petits maîtres, 1877.

INHA, archives Soumy, manuscrits et autographes, carton 35, fonds Doucet.

Gazette des Beaux-Arts, 1861, 1869.

Bénézit, Dictionnaire des peintres...

Site internet de l'Académie de Rome, Villa Medici.