Adrien Manglard (1695-1760)

Adrien Manglard est un peintre et un graveur français, peintre d'histoire, de paysages portuaires, de marines. Bien oublié aujourd’hui, même si ses oeuvres en ventes publiques atteignent des prix respectables. On trouve peu d’informations sur lui, provenant quasiment toutes de la même source. 

S’il entre dans ces pages, c’est pour deux raisons simples : il est né à Lyon le 13 mars 1695  et il y a suivi l’enseignement du peintre graveur Adrien Van der Cabel, hollandais mais lyonnais d’adoption. Pour le reste, sa vie s’est faite à Rome, où il est mort le 1er août 1760.

 

Il est le fils d’Edme Manglard, peintre né à Paris mais installé et marié à Lyon avec Catherine Rose Dupérier, fille orpheline d’un libraire d’Avignon et d’une mère remariée avec le peintre avignonnais Pierre Savournin. 

Le couple a cinq enfants nés entre1694 et 1702, dont Adrien, le second. Parmi les relations du couple, on trouve le peintre lyonnais Daniel Sarrabat, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome et surtout Adrien Van der Cabel, le peintre graveur flamand qui s’est installé à Lyon en 1768 après un long séjour romain.

 

Adrien Manglard  a été formé d’abord par son père, mais il fréquente aussi l’atelier de Van der Cabel pendant ses premières années. A la suite du déménagement de la famille en Avignon autour de 1710, il aurait suivi l’enseignement du frère Imbert. Ce moine artiste originaire de Marseille, lui-même élève de Van der Meulen et de Charles Lebrun a formé de nombreux peintres, comme Subleyras ou Etienne Parrocel, artistes provençaux qu’il retrouva plus tard à l’Académie Saint Luc de Rome.

Arrivé à Rome en 1715, à vingt ans, Manglard poursuit son apprentissage en fréquentant probablement des ateliers romains.  

Parmi ses relations, les artistes français pensionnaires de l’Académie de France. Il y rencontre le Lyonnais Antoine Derizet, qui sera l’ami fidèle d’une vie, puis Natoire, devenu directeur en 1750. 

Célébré assez rapidement comme peintre de marine, il voyage en Italie, se rend à Venise, souvent à Naples. Sa clientèle est surtout celle de la noblesse romaine, pour qui il travaille sur commande plus que de la bourgeoisie locale. Par exemple, dans un inventaire de 1794, la galerie Doria Pamphili compte dix-sept marines de Manglard. On en voit aussi au palais Colonna, chez les Ruspoli, les Orsini. En 1734 il accueille le jeune Vernet, qui devient son élève et quelques années plus tard, va dépasser le maître.

 

Au fil du temps, le peintre a trouvé sa manière : « de vastes perspectives sur lesquelles il diffuse une lumière de contre-jour, masses clairement définies, personnages distribués en deux ordres, et réduits par l’éloignement à de simples figurines à la fois molles et raides; un monde immobile et intemporel » comme l’écrit Michel Olivier.  Signe du succès de sa peinture, en 1736, il est reçu à l’Académie de Paris et à l’académie Saint Luc de Rome, où il est un pensionnaire assez constant et actif.

Il produit des marines mais aussi des figures, des paysages, de la peinture d’histoire. En dehors de Vernet, on ne lui connaît pas d’élèves. Et selon Mariette, il vivait en « philosophe un peu cynique », ce qui semble indiquer un caractère plutôt discret et solitaire.

En 1753 il entreprend, impulsion tardive et sans lendemain, de graver des paysages. On y retrouve la diversité de ses sujets, marines bien sûr avec scènes de port et tempêtes, mais aussi paysages, troupeaux à l’abreuvoir, vedute (monuments antiques, ponts…), scènes historiques. On peine à lui trouver une manière propre : en réalité, il suit le style des Hollandais passés par l’Italie, comme Van der Cabel son maître ou Genoels. 

 

On trouve aujourd’hui sa peinture ou ses dessins au Louvre et dans de nombreux musées français, mais surtout en Italie, à Gènes notamment et surtout à Rome.

Les succès obtenus permettent à l’artiste de développer une passion de collectionneur : l’inventaire après décès révèle, outre quatre centaines de peintures, dont la moitié de Manglard, 7500 dessins et 2700 gravures.  La vente après décès organisée à Paris en 1762 qui concerne la moitié de la collection (l’autre moitié ayant déjà été vendue à Rome) contient des pièces des plus grands peintres des XVI et XVIIème italiens : Michel-Ange, Vinci, Raphael, Tintoret, Titien, le Guerchin et Dominiquin, et des peintres français ayant vécu à Rome (Poussin, Bourdon, Vouet…)

 

La gravure 

Il grave à l'eau-forte des marines et des paysages. On trouve cinquante cuivres dans l’inventaire après décès dont quarante quatre figurent aujourd’hui à la Calcografia nazionale, parmi lesquelles trente sont datées de 1753 et sept de 1754. Il semble que les tirages du vivant de Manglard, qui ne portent aucune indication autre que sa signature ADM ou son monogramme soient rares. On trouve des tirages portant l’adresse suivante « Giacomo Billy alla Chiesa Nuova » dont l’un porte la date de 1761. Le plus souvent, les gravures de Manglard proviennent d’une édition faite vers 1820 de trente-deux pièces numérotées sous le titre «  Raccolta di Vedute, e Composizioni diverse inventate, ed incise all’acqua forte del celebre Adriano Manglard » Rome, avec une dédicace de Luigi Fabri. 

Les pièces sont signées  en bas à gauche « Ad. Manglard fec 1753 » ou « 1754 ». Dumesnil signale pour cette édition des planches numérotées de 1 à 32 (en bas à droite), mais aussi des planches sans le numéro.

 

Sources

Olivier Michel, Adrien Manglard, peintre et collectionneur, Mélanges de l’Ecole française de Rome, tome 93, n°2. 1981. pp. 823-926.

Audin et Vial, dictionnaires des artistes et ouvriers d’art du lyonnais.

Mariette, Abécédaire, III 237.

Robert-Dumesnil, Le peintre graveur français, II, 234.